Mon Univers...

Je vous propose de découvrir des textes donnant un aperçu de mon écriture, SACHANT que le texte que nous élaborerons ensemble sera LE VÔTRE.



ANNIVERSAIRE

Cette année là, grand père, tu avais tes vingt ans 
Tu faisais les cent pas devant la porte close 
De celle que tu aimais, si belle, juste éclose 
Et tu serrais les poings, timide et rougissant 
Ne sachant même pas lui dire en souriant
« Bonjour, Mademoiselle, quel beau temps nous avons » 
Et chaque jour, sans fin, tu remâchais ta peine 
Enfermé, désolé, et te prenant en haine
De ne savoir lui dire « quel beau temps nous avons » 

Mais ce jour elle s'avance avec un beau sourire
Vers toi qui ne voit rien et qui t'attend au pire
Et dit « Bonjour Monsieur, quel beau temps nous avons » 

Le temps, lui, a passé, parfois semé d'orages
Et les enfants naissant ne furent pas toujours sages 

Mais ils sont bien tous là, sauf celle qui manque tant 
Et vous souhaitent longue vie et de nombreux printemps 
Vous qui n'avez jamais que quatre fois vingt ans.






JOUR DE FETE

Ce fut un jour de bienveillance
Un jour, je crois, au goût d'enfance 

De champagne au goût de nos rires 
A la couleur de nos sourires
Un jour à garder dans nos livres 
Pour y puiser du goût pour vivre.





RENCONTRE

J'errais dans le jardin et l'automne était doux
Le soleil était clair entre les arbres roux
Ma vie ne vivait pas, ma grande solitude
M'était une compagne mélancolique et rude
Je t'ai vu sur le banc, ma belle au jour dormant 

Sommeillant, une main posée sur ton genou 
Paisible, ton souffle pur est celui d'un enfant
Sur ton tendre visage erre un sourire très doux
Ton sac avait glissé, de couleur écarlate
Comme une fleur éclot, comme un bourgeon éclate 

Je me suis approché et mon cœur apaisé
A retrouvé enfin soudain le goût d'aimer
Dans mon corps délassé mon cœur vient à vibrer 

Assis auprès de toi attendant ton réveil
J'ai goûté ton éclat et ton odeur de miel
Tu as ouvert les yeux et donné ton sourire
Clair comme un soleil d'eau claire et de cristal
Mes yeux se sont perdus dans ton regard d'opale 

Tout ce qui dort en moi se reprend à frémir
Mon cœur s'est envolé quand j'ai tenu ta main
Nous sommes restés ainsi, je crois, jusqu'au matin 

Ta main, elle est toujours bien serrée dans la mienne
 Quand les enfants partis ont creusé des silences 
Quand parfois entre nous s'établit la distance
D'un sourire de cristal naît un nouveau je t'aime
.





TU AS 16 ANS

Tu as 16 ans, ma fille, tu n'es plus une enfant
Et j'ai le cœur en fête de te voir si belle
Tu voles comme l'oiseau qui s'élance à tire d'aile 

Moi j'ai les larmes aux yeux de voir passer le temps 
Comme un fil qui relie le passé, le présent
Tu commences à marcher, tu ris, on t'applaudit
Vient le temps des histoires, des jeux ou tu te donnes 

Les yeux écarquillés, tu cours et danses et ris
Et on rit avec toi, on gronde et on pardonne
Vient le temps de l'école, déjà un peu partie
Et le temps des copines et celui des copains
Le début des silences, les premiers gros chagrins 

Bientôt ne restera de ton enfance enfuie
Que les photos d'été, toutes celles ou tu ris
Le visage extasié de l'enfance ravie. 







CHLOÉ, ERIC... ET LYON

« Mesdames et messieurs, vous êtes entre Rhône et Saône, je vous propose une montée à la Croix Rousse, quartier célèbre de Lyon, lieu de départ de la route romaine entre Lyon et Bâle sur le plateau qui se continue par la Dombes et habité depuis le 15 eme siècle..mais je vous préviens avant de prendre le premier escalier qui est devant vous qu'il y en aura d'autres, on croit en voir le bout et il y en a encore..mais on fera des petites haltes pour souffler un peu, il fait déjà chaud, et prendre le temps de regarder le panorama. On peut aussi monter en passant par les traboules, mais c'est une autre excursion que vous pourrez trouver sur notre site. Nous, nous redescendrons à pied par les rues étroites des Pentes – en traboulant à l'occasion – vous pourrez vous imprégner de leur ambiance si particulière. On dit que les façades lisses, un peu austères mais aux douces couleurs pastel abritent parfois des rendez vous d'initiés à d'anciens secrets de confréries occultes. Nous sommes dans une ville entre Nord et Sud, certains s'y sont arrêtés sur les chemins d'Italie et leurs descendants ont de leur ancienne appartenance lyonnaise une immense fierté qu'ils gardent pour eux. Bien, nous commençons l'ascension. Arrivés sur le plateau, je vous parlerai des Canuts qui travaillaient pour les soyeux du quartier d'Ainay dans des appartements très hauts de plafond pour pouvoir y loger les métiers à tisser Jacquard. Aujourd'hui, la Croix Rousse s'est embourgeoisée, c'est un quartier un peu bobo mais vivant, ça bouge, ça grouille, tous les jours ou presque il y a un gigantesque marché, la bouffe, la fripe, la vogue en automne, les bistrots, les jeunes en balade, les animations de 
rues. »

« Et Guignol, monsieur, vous n'en parlez pas ? » J'avais déjà remarqué la grande fille au premier rang, elle ne perd pas une miette de mon discours. Elle est très brune, les cheveux courts, les yeux noirs toujours en mouvement, le visage expressif, le corps mobile, toujours sous pression, le rire au bord des lèvres. Elle est vêtue d'un jean et d'un tshirt sur lequel ricane un nain grotesque « Guignol, mademoiselle, c'est un canut épuisé de travail, chichement payé, qui a choisi de rire de ce qui le fait pleurer. »

Pendant toute la visite, elle me bombarde de questions, pousse des petits cris « super, c'est trop... » lance des vannes qui font rire le groupe, je me demande qui de nous deux est le guide. A la fin de l'excursion, elle s'attarde « cela vous a plu, mademoiselle ? » « génial, je viens d'arriver à Lyon, j'ai envie de tout connaître, moi je suis comme ça ! » Sans bien savoir pourquoi, je m'entends lui dire « demain, c'est dimanche, je peux vous faire voir plein d'autres coins à Lyon, ce sera gratuit » 
« chouette, super, merci » « bon, rendez vous place Bellecour à 10 heures au pied du cheval, pas difficile à trouver !». Elle sourit « c'est quoi, ton prénom ? » « Eric » 
« moi, c'est Chloé ».

Place Bellecour, Chloé fait la moue « ouais, c'est grand... ». En avançant vers la rue de la République, je lui raconte d'anciennes histoires lyonnaises, de brouillards impénétrables, de lourds secrets enfouis, de fantômes du passé. Elle se sent dans son élément dans la rue déjà grouillante, elle s'éclate devant les musiciens de rue, les champions du slam et du skateboard « j'aime bien les rues piétonnes ». Elle s'attarde devant les boutiques « j'aime les fringues ». On arrive ainsi place des Terreaux, elle situe la Croix Rousse, elle adore les bistrots, la fontaine de Bartholdi, on prend un verre et une pizza au soleil. Tout d'un coup, elle se rend compte qu'on est à côté de l'Opéra « ah bon, tu connais ? » « en fait, je suis flûtiste, je viens d'être embauchée dans l'Orchestre de l'Opéra ». Je me sens intimidé « et toi, tu fais quoi ? » « guide, ce n'est pas mon métier, mais ça me plaît bien, je me fais un peu de blé..j'aurais voulu faire du théâtre, en fait, je suis informaticien ». Les quais du Rhône ne l'impressionnent pas « aucun charme ». Par contre, elle adore les quais de Saône côté Fourvière et Vieux Lyon, les immeubles aux couleurs pastel. Je lui parle de Fourvière, des histoires pieuses et édifiantes du passé, le 8 décembre, les illuminations, Lyon ville des Lumières ! « j'aimerais bien voir ça ! ». Je lui parle aussi du Lyon romain, les cris de la foule déchaînée dans le théâtre ou il y a aujourd'hui un Festival, les martyrs jetés aux lions rugissants, beaucoup de filles à Lyon s'appellent encore Blandine. On traverse la Saône, on se retrouve devant la Cathédrale Saint Jean, c'est beau mais ce n'est pas son truc. Par contre, le Lyon Moyen Age et Renaissance, les petites rues surpeuplées, les belles façades, les traboules, les cours intérieures, tout lui plaît. « tu sais, autrefois, c'était un quartier immonde, des maisons crasseuses, noires, des vrais trous à rats ou croupissaient des pauvres gens qui y vivaient comme descloportes » « c'est quoi, les cloportes ? » « un genre de cafards - on a évité de peu la destruction du quartier qui est maintenant classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO ! ». On dîne dans un bouchon. Chloé n'arrête pas, commande des spécialités lyonnaises, du beaujolais, elle rit, saute d'un sujet à l'autre comme ça lui vient, parle beaucoup de musique, c'est son truc, mais en fait elle parle très peu d'elle. Moi, j'ai du mal à ouvrir la bouche. Soudain, elle s'interrompt, se penche vers moi « tu as vu le gros, à la table d'à côté ? » Elle rit, m'entraîne dans son tourbillon, je tourne avec elle, je suis un peu perdu, j'ai peur de ne pas m'en sortir indemne. Elle saute sur sa chaise « tu as vu l'heure ? J'ai répet demain ». On finit de dîner en catastrophe, je la raccompagne au métro « Chloé, tu me donnes ton téléphone, tu as le mien sur le flyer de la visite d'hier » « tiens, je te le rend ton flyer, je n'en ai plus besoin ». Je reçois un coup à l'estomac, j'en ai les larmes aux yeux « quelle garce ! ». Arrivée au métro, elle me fait une bise sur la joue « allez, ne te fâche pas ..! », me tourne le dos, fais un petit signe de la main « salut ! ». Je serre les poings « tu ne vas pas t'en tirer commeça ! », je la rattrape en haut des escaliers du métro, la prend par le bras. Elle ne me repousse pas, elle rit « on peut savoir ou nous allons comme ça, monsieur ? » « je ne te lâcherai pas avant d'avoir ton téléphone ». La grande Chloé susurre à mon oreille et je sens le frôlement de ses cheveux, son goût de fraise tagada « tu as regardé le flyer que je t'ai rendu, crétin ? ». Je le sors de ma poche, tout froissé. Sous mon nom Eric Giordano, Guide, je vois en grosses lettres CHLOE 06.07... 


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